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In excelsis Deo

Si vous voulez voir du bon cinéma, voilà un film encensé par la critique et le public. La structure du sujet est parfaite, la mise en scène excellente, la vedette (il était temps!) extraordinaire, la réalisation géniale, etc. Mais tout ce talent, tout ce savoir-faire, toutes les complications que supposse la fabrication du film, ont été mises au service d’une histoire stupide, d’une remarquable bassesse morale.

 

C’est peut-être un aspect de ce qu’on appelle le réalisme de l’art du Nord, un réalisme apparu avec la montée de la bourgeoisie. Dans ce film l’acte anodin devient action dramatique. Ce qui est dans la presse, dans les journaux , les moments de la vie réelle, avec des personnages pris dans la rue, ne sont qu’une suite à votre vie ordinaire, le chômage, l’insécurité, les joies et les tristesses d’un individu quiconque censurées par la morale habituelle et dominées par le bon goût.

 

Cette descente de la pitié dans la rue a ses racines dans la tradition belge du réel, qu’impose des impératifs prosaiques de la réalité sur tout posible acte de fuite poétique. La pitié encombre tout le film, et cela n'est pas étonnant: car la pensée des Dardenne est impregnée de christiannisme. Ils ont un attachement concret à la présence réelle du corps mystique, sa lumière va vers la transfiguartion de la matière. La réalité fait appel à la gloire d’une insipide morale édifiante.

 

Cependant, assis confortablement dans une salle obscure, le spectateur de cinéma, depourvu de sens criquite, va se laisser faire par ces Dardenne qui ont grand soin de ne pas troubler notre tranquilité. Au lieu de détruire la répresentation conventionelle de la nature, ils s’appuyent sur l’optimisme du monde bourgeois en faisant croire au spectateur en la pérennité de l’ordre existant de la Réalité. Cette réalité est incomplète, elle manque de poésie, de mystère, élement essentiel de toute oeuvre d’art. Pour les Dardenne, un verre, même si arme meurtrière, n’est q’un verre et rien d’autre.

 

Une troisième palme d'or pour les frères? Ça ne m’aurait pas étonné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

02/08/2014

Nicolás Marín

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