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Un esthète

Les plus beaux moments de Pulsions sont ces suspensions de la dramaturgie en faveur d'une description minutieuse, voire fétichiste des gestes, des textures et des regards. Où, par exemple dans la scène du musée, ses travellings caressants et multiples champs-contrechamps font jaillir dans un présent absolu des pointes d'amusement, de tristesse ou d'effroi soudains -en l'occurrence en transformant un flirt en véritable mélodrame ou en une haletante course-poursuite- dans une tentative d'application de la notion de cinéma pur, chère à la dernière période du cinéma hitchcockien. En cause, ses différentiels complexes et précis du point du vue du spectateur, tour à tour omniscient ou en totale empathie avec le protagoniste.

 

Dés lors qu'importe une quelconque vraisemblance ou la résolution superficielle d'une enquête. Comme le prouve le pastiche de Psychose en une scène de fin explicative et psychologisante (l'un des défauts de Hitchcock), tout ceci ne sert que de prétextes à ces trames virtuoses, ce ludisme jubilatoire qu'entretient un instant le film avec le spectateur : la victime consentante du cinéma depalmien.

 

22 décembre 2013

Pierre Philippe

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